Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/332

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présiderait la sagesse. [172a] Car là où les fautes sont évitées, où tout se fait bien, un tel gouvernement serait le règne de la justice et de la raison, qui produisent nécessairement le bonheur. N’est-ce pas là, Critias, ce que nous dirions de la sagesse, pour montrer quel précieux avantage ce serait de savoir ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas ?

Oui, sans doute.

Mais tu vois qu’une pareille science n’existe nulle part.

Je le vois.

[172b] Mais peut-être la sagesse, telle que nous l’avons définie, savoir, la science de la science et de l’ignorance, a-t-elle cela de bon, que celui qui la possède apprend plus facilement tout ce qu’il veut apprendre, et que tout lui paraît plus clair quand, à côté de tout ce qu’il apprend, il aperçoit la science ; et peut-être par là pourra-t-il mieux juger les autres sur tout ce qu’il a appris lui-même, tandis que ceux qui veulent le faire sans la sagesse ne porteront que des jugemens faux ou superficiels ? Est-ce là, mon ami, un des avantages [172c] que nous tirerons de la sagesse, ou avons-nous d’elle une plus haute idée qu’elle ne mérite, et lui cherchons-nous un prix qu’elle n’a pas ?

Cela peut être, répondit-il.