Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/347

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est à craindre ; et, en effet, connaître le péril qu'on brave est une des conditions du courage. On peut affronter les plus grands dangers, si on les ignore, soit folie, passion ou faiblesse d'intelligence, on n'est réellement pas courageux : l'animal et l'enfant n'ont pas de courage. Mais, répond Socrate, si le courage est la science de ce qui est à craindre, le médecin, qui sait ce qui est à craindre dans les maladies, a donc du courage ; et, à ce compte, on peut regarder le devin comme l'être courageux par excellence. Et puis, si le courage est la science de ce qui est à craindre, le courage est donc une science. Or, une science, comme telle, doit être absolue. Elle ne peut se rapporter à l'avenir exclusivement, elle doit embrasser également et l'avenir et le passé et le présent. Mais une pareille science est alors la science de tous les maux et de tous les biens possibles ; c'est la science du bien et du mal. Or, la science du bien et du mal est la science de la vertu en