Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/361

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peut bien se faire pourtant, comme Nicias le prétend, que ces exercices soient bons à quelque chose, mais je vous dis [184b] ce que j'en ai vu ; et pour finir comme j'ai commencé, si c'est une science peu utile, ou si ce n'en est pas une, et qu'on lui en donne seulement le nom, elle ne mérite pas que nous nous y arrêtions. En un mot, si c'est un lâche qui croit devoir s'y appliquer, et que cette science le rende plus confiant en lui-même, sa lâcheté n'en sera que plus en vue ; si c'est un homme courageux, tout le monde aura les yeux sur lui, et, pour peu qu'il lui arrive de faire la moindre faute, la calomnie l'attend ; [184c] car c'est éveiller l'envie que de se vanter de posséder une pareille science ; de sorte qu'à moins de se distinguer des autres par la bravoure, d'une manière merveilleuse, il ne saurait échapper au ridicule celui qui se dirait habile en ce genre. Voilà ce que je pense, Lysimaque, de ces exercices. A présent, comme je le disais d'abord, ne laisse pas échapper Socrate, et prie-le de nous dire son avis à son tour.

LYSIMAQUE.

Je t'en prie donc, Socrate, car [184d] nous avons encore besoin d'un juge pour terminer ce différend. Si Nicias et Lachès avaient été de même sentiment, nous aurions pu nous en passer davantage