Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/379

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SOCRATE.

Excepté pourtant celle des Lacédémoniens ; [191c] car j’ai ouï dire qu’à la bataille de Platée, ayant affaire à des troupes armées de boucliers, ils ne jugèrent pas à propos de combattre de pied ferme ; ils prirent la fuite, et, quand les Perses eurent rompu les rangs, ils se retournèrent à la manière de la cavalerie, et par ce stratagème remportèrent la victoire.

LACHÈS.

Il est vrai.

SOCRATE.

Voilà pourquoi je te disais tout-à-l’heure que c’était ma faute si tu n’avais pas bien répondu, parce que je t’avais mal interrogé ; je voulais [191d] savoir ce que c’était que le courage, non-seulement pour l’infanterie, mais aussi pour la cavalerie et pour toutes les manières de faire la guerre, et je n’entendais pas parler uniquement du courage sur le champ de bataille, mais aussi dans les dangers de la mer, dans les maladies, dans la pauvreté, dans la conduite politique ; et plus encore dans la lutte contre le chagrin et la crainte, surtout dans celle contre le désir et le plaisir, [191e] soit que le courage se montre par la résistance ou par la fuite. Car tu conviendras, Lachès, que le courage s’étend sur toutes ces choses.