Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/383

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puisqu'elle n'est pas belle, et que le courage est quelque chose de beau ?

LACHÈS.

Jamais.

SOCRATE.

La constance jointe à la raison, voilà donc, selon toi, le vrai courage ?

LACHÈS.

Il me semble.

[192e] SOCRATE.

Voyons : est-ce cette même constance unie à la raison dans certains cas ou dans tous, dans les petites choses comme dans les grandes ? Si par exemple, un homme a la constance de dépenser son bien sagement, dans la certitude que ses dépenses lui produiront de grands avantages ; l'appellerais-tu un homme courageux ?

LACHÈS.

Non, par Jupiter !

SOCRATE.

Supposons un médecin, à qui son fils, ou quelque autre malade, attaqué d'une inflammation de poitrine, demanderait à manger ou à boire, et qui, loin de se laisser fléchir, persisterait constamment à le refuser ?

LACHÈS.

Ce n'est pas non plus ce genre de constance que j'appelle du courage.