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SOCRATE
Dans ce temps-là même, je suis bien sûr que tu croyais le savoir.
ALCIBIADE.
Comment en es-tu si sûr ?
SOCRATE.
C’est que pendant ton enfance, chez tes maîtres et ailleurs, et lorsque tu jouais aux osselets ou à quelque autre jeu, je t’ai vu très souvent ne point balancer sur le juste et l’injuste, et dire d’un ton ferme et assuré à tel ou tel de tes camarades que c’était un méchant, un injuste, qu’il faisait une injustice[1]. N’est-il pas vrai ?
ALCIBIADE.
Que devais-je donc faire, à ton avis, quand on me faisait quelque injustice ?
SOCRATE.
Entends-tu ce que tu devais faire en supposant que tu eusses ignoré que ce qu’on te faisait fût une injustice, ou en supposant le contraire ?
ALCIBIADE.
Mais je ne l’ignorais point du tout, je savais parfaitement qu’on me faisait injustice.
- ↑ Voyez la Vie d’Alcibiade dans Plutarque.