Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/512

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et au regret d’un bonheur qui n’est plus. Je reviens à la beauté.

Elle brillait alors, comme nous le disions, [250d] parmi toutes les autres essences. Tombés en ce monde, nous l’avons reconnue plus distinctement que toutes les autres par l’intermédiaire du plus lumineux de nos sens. La vue est en effet le plus subtil des organes du corps ; cependant elle n’aperçoit pas la sagesse, car nous sentirions naître en nous pour elle d’incroyables amours, si son image ou les images des autres objets vraiment aimables pouvaient se présenter à nos yeux aussi distinctement que celle de la beauté. Seule la beauté a reçu en partage d’être à la fois la chose la plus manifeste [250e] comme la plus aimable. L’homme qui n’a pas la mémoire fraîche de ces saints mystères ou qui l’a perdue entièrement, ne se reporte pas facilement vers l’essence de la beauté par la contemplation de son image terrestre. Au lieu de la regarder avec respect, entraîné par d’impurs désirs il cherche à l’assaillir, comme une bête sauvage ; et, dans ses infâmes approches, il ne craint pas, [251a] il ne rougit pas de poursuivre un plaisir contre nature. Mais le nouvel initié, celui qui est encore tout plein des nombreuses merveilles qu’il a vues, en présence d’un visage presque céleste ou d’un corps