Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/525

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un genre de vie moins noble, [256c] contraire à la philosophie, mais non pas à l’honneur, il ne manquera pas d’arriver, qu’au milieu de l’ivresse ou de quelque autre négligence, leurs coursiers indomptés, ne trouvant pas leurs âmes sur leurs gardes, les conduisent de concert vers un même but ; alors ils prennent le parti le plus digne d’envie aux yeux de la multitude, et s’attachent simplement à jouir. Quand ils se sont satisfaits, ils renouvellent plus d’une fois encore leurs jouissances, mais seulement de loin en loin. Leurs actions ne sont pas approuvées par l’intelligence toute entière. Leur liaison est douce encore, quoique moins forte que celle des purs amants, [256d] tant que dure leur passion ; et quand elle a cessé, comme ils croient s’être donné le gage le plus précieux d’une foi mutuelle, ils ne se permettent pas d’en délier les nœuds pour faire place à la haine. À la fin de la vie leurs âmes sortent du corps sans ailes à la vérité, mais ayant déjà poussé quelques plumes, de sorte qu’ils sont encore bien récompensés de s’être abandonnés au délire de l’amour ; car ce n’est pas dans les ténèbres et sous la terre que la loi envoie ceux qui ont déjà commencé le voyage céleste ; au contraire, elle leur assure une vie brillante et pleine de bonheur, [256e] et lorsqu’ils re-