Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/532

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SOCRATE.

Un amant des muses ne devrait pas ignorer ces choses-là. On dit donc que les cigales étaient des hommes avant la naissance des Muses. Quand le chant naquit avec les Muses, plusieurs des hommes de ce temps furent si transportés de plaisir [259c] que la passion de chanter leur fit oublier le boire et le manger, et qu’ils moururent sans même s’en apercevoir. C’est d’eux que naquit ensuite la race des cigales, qui a reçu des Muses le privilège de n’avoir aucun besoin de nourriture. Du moment qu’elles viennent au monde, elles chantent sans boire ni manger jusqu’au terme de leur existence, puis elles vont trouver les Muses, et leur font connaître ceux par qui chacune d’elles est honorée ici-bas : à Terpsichore, ceux qui l’honorent dans les chœurs, et ils lui deviennent plus chers sur le rapport [259d] de ces fidèles témoins ; à Érato, ceux qui l’honorent par des chants amoureux ; et pareillement à toutes les autres, ceux qui leur rendent l’espèce d’hommage qui convient à chacune. À la plus âgée, Calliope, et à la cadette, Uranie, elles font connaître ceux qui, vivant au sein de la philosophie, rendent ainsi hommage aux chants de ces deux déesses, les plus mélodieux de tous ; car ce sont elles qui président aux mouvements des corps cé-