Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/534

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SOCRATE.

Non, il ne faut pas rejeter[1], mon cher Phèdre, les paroles des hommes habiles ; il faut examiner ce qu’elles signifient, et ce que tu viens de dire mérite d’être approfondi.

PHÈDRE.

Tu as raison.

SOCRATE.

Prenons-nous-y de cette manière.

PHÈDRE.

Voyons.

[260b] SOCRATE.

Si je te conseillais d’acheter un cheval pour t’en servir dans les combats, et que ni l’un ni l’autre nous n’eussions jamais vu de cheval, mais que j’eusse seulement appris que Phèdre appelle cheval celui de tous les animaux domestiques qui a les plus longues oreilles…

PHÈDRE.

Tu veux rire, Socrate.

SOCRATE.

Un moment. La chose serait bien plus risible si, voulant te persuader sérieusement, je composais un discours où je fisse l’éloge de l’âne, en lui donnant le nom de cheval ; si je disais que

  1. Allusion détournée au vers 65 du liv. III de l’Iliade.