Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/537

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PHÈDRE.

Interrogez-le.

SOCRATE.

En général, la rhétorique n’est-elle pas l’art de conduire les esprits par la parole, non seulement dans les tribunaux et dans les assemblées publiques, mais aussi dans les conversations particulières, art qui peut s’exercer sur des sujets légers [261b] comme sur des affaires importantes, le bien n’étant pas moins honorable dans les petites ou dans les grandes choses ? N’est-ce pas là ce que tu as entendu dire ?

PHÈDRE.

Oh ! par Jupiter, ce n’est pas tout-à-fait cela. On reconnaît l’existence de cet art principalement devant les tribunaux et aussi dans les assemblées du peuple. Mais je n’ai pas entendu dire qu’il s’étendît au-delà.

SOCRATE.

Tu ne connais donc pas d’autre rhétorique que celle de Nestor et d’Ulysse, qui se sont amusés à en écrire les préceptes dans leurs loisirs sous les murs d’Ilion ? et tu n’as jamais entendu parler de la rhétorique de Palamède ?

[261c] PHÈDRE.

Par Jupiter, je n’en ai pas la moindre connaissance, pas plus que de celle de Nestor et d’Ulysse,