Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/539

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SOCRATE.

Or, ne savons-nous pas que le Palamède d’Élée[1] parlait avec un art si prodigieux, que les mêmes choses paraissaient aux auditeurs semblables et différentes, une et plusieurs, stables et changeantes ?

PHÈDRE.

Rien de si vrai.

SOCRATE.

On ne soutient donc pas le pour et le contre seulement dans les tribunaux [261e] et les assemblées du peuple ; mais probablement, si c’est un art, il est le même pour toutes les espèces de discours : il consiste à opposer les probabilités l’une à l’autre, et à en faire ressortir la force, quand même un autre s’efforcerait, par des raisons contraires, de la balancer ou de la déguiser.

PHÈDRE.

Comment cela ?

SOCRATE.

Il me semble qu’en cherchant de ce côté, nous en viendrons à bout. Où penses-tu que l’illusion soit plus facile ? dans les choses très différentes, ou dans les choses à peu près semblables ?

  1. Zénon d’Élée. Voyez le Scholiaste et Diog. de Laërte, IV, 25.