Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/547

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

idées sont entassées sans beaucoup d’ordre ? Ce qu’il dit en second lieu paraît-il devoir nécessairement être à cette place, et n’y pourrait-on pas substituer quelque autre partie du discours ? Il me semble, à moi, dans mon ignorance, que notre ami a bravement jeté sur le papier tout ce qui lui venait à l’esprit. Mais toi, trouves-tu dans son ouvrage un plan déterminé, d’après lequel il en ait ainsi disposé toutes les parties ?

PHÈDRE.

Tu es trop bon de me croire capable de pénétrer si avant dans les secrets [264c] de la composition d’un Lysias.

SOCRATE.

Au moins tu conviendras, je pense, que tout discours doit être composé comme un être vivant ; avoir un corps qui lui soit propre, une tête et des pieds, un milieu et des extrémités proportionnées entre elles et avec l’ensemble ?

PHÈDRE.

Qui en doute ?

SOCRATE.

Examine donc si le discours de ton ami est composé de cette manière ou d’une autre, et tu trouveras qu’il ressemble fort à cette inscription gravée, dit-on, sur le tombeau de Midas, roi de Phrygie.