Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/594

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riche, noble, ou tout le contraire ? Crois-tu que cela se puisse ?

MENON.

Non. Mais est-il bien vrai, Socrate, [71c] que tu ne sais pas ce que c’est que la vertu ? Est-ce là ce que nous publierons de toi à notre retour chez nous ?

SOCRATE.

Non seulement cela, mon cher ami, mais ajoute que je n’ai encore trouvé personne qui le sût, à ce qu’il me semble.

MENON.

Quoi donc ! n’as-tu point vu Gorgias lorsqu’il était ici ?

SOCRATE.

Si fait.

MENON.

Tu as donc jugé qu’il ne le savait pas ?

SOCRATE.

Je n’ai pas beaucoup de mémoire, Menon ; ainsi je ne saurais te dire à présent quel jugement je portai alors de lui. Mais peut-être sait-il ce que c’est que la vertu, et sais-tu toi-même ce qu’il disait. [71d] Rappelle-le-moi donc ; ou, si tu l’aimes mieux, parle-moi pour ton propre compte : car tu es sans doute là-dessus du même sentiment que lui.