Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/597

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en quoi consiste ce par où les abeilles ne diffèrent point entre elles, et sont toutes la même chose ; aurais-tu été en état de me satisfaire ?

MENON.

Sans doute.

SOCRATE.

Eh bien, il en est ainsi des vertus. Quoiqu’il y en ait beaucoup et de plusieurs espèces, elles ont toutes un caractère commun par lequel elles sont vertus ; et c’est sur ce caractère que celui qui doit répondre à la personne qui l’interroge, fait bien dé jeter les yeux, pour lui expliquer [72d] ce que c’est que la vertu. Ne comprends-tu pas ce que je veux dire ?

MENON.

Il me paraît que je le comprends ; cependant je ne saisis pas encore comme je voudrais le sens de ta question.

SOCRATE.

N’est-ce qu’à l’égard de la vertu seule, Menon, que tu penses qu’elle est autre pour un homme, et autre pour une femme, et ainsi du reste ? ou penses-tu la même chose par rapport à la santé, la grandeur, la force ? Te semble-t-il que la santé d’un homme soit autre que celle d’une femme ? ou bien qu’elle a partout le même caractère, en tant que santé, [72e] quelque part qu’elle se