Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/607

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SOCRATE.

Eh bien, après.

MENON.

Mais si l’on disait qu’on ne sait point ce que c’est que la couleur, et qu’on est à cet égard dans le même embarras qu’à l’égard de la figure, que penserais-tu de ta réponse ?

SOCRATE.

Qu’elle est vraie. Et si j’avais affaire à un de ces hommes habiles, toujours prêts à disputer et à argumenter, je lui [75d] dirais : Ma réponse est faite ; si elle n’est pas juste, c’est à toi de prendre la parole et de la réfuter. Mais si c’étaient deux amis, comme toi et moi, qui voulussent converser ensemble, il faudrait répondre d’une manière plus douce et plus conforme aux lois de la dialectique. Or il est, ce me semble, plus conforme aux lois de la dialectique, de ne point se borner à faire une réponse vraie, mais de n’y faire entrer que des choses dont celui qui est interrogé avoue qu’il est instruit. C’est de cette manière que je vais essayer de te parler. [75e] Dis-moi, n’y a-t-il pas quelque chose que tu appelles fin, c’est-à-dire borne et extrémité ? Par ces trois mots j’entends la même idée ; Prodicus[1]

  1. Prodicus s’attachait à la valeur propre de chaque mot. Voyez le Protagoras.