Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/644

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la vie présente, qu’il n’en avait pas la conscience, [86a] il est évident qu’il a eu ces opinions et qu’il les a apprises en quelque autre temps.

MENON.

Apparemment.

SOCRATE.

Ce temps n’est-il pas celui où il n’était pas encore homme ?

MENON.

Oui.

SOCRATE.

Par conséquent, si durant le temps où il est homme, et celui où il ne l’est pas, il y a en lui des opinions vraies qui deviennent sciences, lorsqu’elles sont réveillées par des interrogations, n’est-il pas vrai que pendant toute la durée des temps son âme n’a pas été vide de connaissances ? car il est clair que dans toute l’étendue des temps il est ou n’est pas homme.

MENON.

Cela est évident.

[86b] SOCRATE.

Si donc la vérité est toujours dans notre âme, cette âme est immortelle. C’est pourquoi il faut essayer avec confiance de chercher et de te rappeler ce que tu ne sais pas pour le moment, c’est-à-dire ce dont tu ne te souviens pas.