Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/646

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de la nature, ou enfin de quelle manière elle arrive aux hommes.

SOCRATE.

Si j’avais quelque autorité non seulement sur moi-même, mais sur toi, Menon, nous n’examinerions si la vertu peut ou non être enseignée, qu’après avoir recherché ce qu’elle est en elle-même. Mais puisque tu ne fais nul effort pour te commander à toi-même, sans doute afin d’être libre, et que d’ailleurs tu entreprends de me maîtriser, et que tu me maîtrises en effet, je prends le parti de te céder ; car que faire ? Nous allons donc, à ce qu’il semble, examiner [86e] la qualité d’une chose dont nous ne connaissons pas la nature. Cependant relâche au moins quelque chose de ton empire sur moi, et permets-moi de rechercher par manière d’hypothèse si la vertu peut s’enseigner, ou si on l’acquiert par quelque autre voie. Quand je dis, par manière d’hypothèse, j’entends par cette méthode d’examen ordinaire aux géomètres. Lorsqu’on les interroge sur un espace par exemple, et qu’on leur demande s’il est possible d’inscrire [87a] telle figure triangulaire dans tel cercle, ils vous répondront : je ne sais pas encore si cela est ainsi ; mais en faisant l’hypothèse suivante, elle pourra nous servir pour la solution du problème. Si