Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/659

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ANYTUS.

Et quels sont ces gens-là, Socrate ?

SOCRATE.

Tu sais sans doute comme moi que ce sont ceux qu’on appelle sophistes.

[91c] ANYTUS.

Par Hercule ! parle mieux, Socrate. Que personne de mes parents, de mes alliés, de mes amis, soit concitoyens, soit étrangers, ne soit jamais assez insensé pour aller se gâter auprès de ces gens-là. Ils sont manifestement la peste et le fléau de tous ceux qui les fréquentent.

SOCRATE.

Que dis-tu là, Anytus ? Quoi ! parmi ceux qui font profession d’être utiles aux hommes, les sophistes seuls diffèrent des autres en ce que non seulement ils ne rendent pas meilleur ce qu’on leur confie, comme font les autres, mais encore ils le rendent pire ? [91d] Et ils osent exiger de l’argent pour cela ? En vérité je ne sais comment t’ajouter foi. Car je connais un homme, c’est Protagoras, qui a plus amassé d’argent au métier de sophiste, que Phidias dont nous avons de si beaux ouvrages, et dix autres statuaires avec lui[1]. Cependant ce que tu dis est bien étrange. Quoi ! tandis que ceux qui rapetassent

  1. Voyez le Pratagoras, l’Hippias et le Théétète.