Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/676

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MENON.

Tu as raison.

SOCRATE.

L’opinion vraie n’est donc pas moins utile que la science.

MENON.

Avec cette différence, Socrate, que celui qui a la science en partage arrive toujours à son but ; au lieu que celui qui n’a que l’opinion vraie, y parvient quelquefois, et quelquefois aussi le manque.

SOCRATE.

Que dis-tu ? Quand on a toujours l’opinion vraie, ne parvient-on pas toujours au but, tant qu’on est dirigé par cette vraie opinion ?

MENON.

Cela me paraît incontestable. Mais la chose étant ainsi, je suis étonné, Socrate, [97d] pourquoi on fait beaucoup plus de cas de la science que de l’opinion droite, et pourquoi ce sont deux choses différentes.

SOCRATE.

Sais-tu d’où vient ton étonnement, ou te l’apprendrais-je ?

MENON.

Apprends-le-moi.