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LE BANQUET.

premier, puisque c’est son rang, et puisque aussi bien il est le père de l’idée que je vous propose. — Je ne doute pas, Éryximaque, dit alors Socrate, que ton avis ne passe ici tout d’une voix. Je sais bien au moins que je ne m’y opposerai pas, moi qui fais profession de ne savoir que l’amour. Je m’assure qu’Agathon ne s’y opposera pas non plus, [177e] ni Pausanias, ni encore moins Aristophane, lui qui est tout dévoué à Bacchus et à Vénus. Je puis également répondre du reste de la compagnie, quoique, à dire vrai, la partie ne soit pas égale pour nous autres, qui sommes assis les derniers. En tout cas, si ceux qui nous précèdent font bien leur devoir et épuisent la matière, nous en serons quittes pour leur donner notre approbation. Que Phèdre commence donc, à la bonne heure, et qu’il loue l’Amour.

Le sentiment de Socrate fut [178a] unanimement adopté. De rendre ici mot pour mot tous les discours que l’on prononça, c’est ce qu’on ne doit pas attendre de moi, Aristodème, de qui je les tiens, n’ayant pu me les rapporter si parfaitement, et moi-même ayant laissé échapper quelque chose du récit qu’il m’en a fait ; mais je vous redirai l’essentiel. Voici donc à peu près, selon lui, quel fut le discours de Phèdre :