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LE BANQUET.

science de l’amour dans les corps relativement à la réplétion et à l’évacuation ; et le médecin qui sait le mieux discerner en cela [186d] l’amour bien réglé d’avec le vicieux, doit être estimé le plus habile. Un bon médecin sera celui qui dispose tellement des inclinations du corps, qu’il peut les changer selon le besoin, ôter ce que nous avons appelé l’amour vicieux, introduire l’amour bien réglé où il est nécessaire, établir la concorde entre les éléments les plus ennemis et leur inspirer un amour mutuel. Or, les éléments ennemis sont ceux qui sont contraires les uns aux autres, comme le froid et le chaud, le sec et l’humide, l’amer et le doux, [186e] et les autres de la même espèce. C’est en mettant l’union et l’amour entre ces contraires qu’Esculape, le chef de notre famille, a, comme le disent les poètes et comme je le crois, inventé la médecine. J’ose donc assurer que l’amour [187a] préside à la médecine, ainsi qu’à la gymnastique et à l’agriculture. Quant à la musique, il ne faut pas grande attention pour l’y reconnaître aussi ; et c’est ce qu’Héraclite a peut-être senti, quoiqu’il ne se soit pas très-bien expliqué. L’unité, dit-il[1], en

  1. Plutarque, Is. et Osir. Stéphan. Poesis philosophica, p. 129, 155. Schleiermacher, sur Héraclite, Mus. Alterth. I, cah. 3.