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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/743

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LE BANQUET.

consacre ce discours entremêlé de propos légers et sérieux, aussi bien que j’ai pu le faire. »

Quand Agathon eut fini de parler il s’éleva un murmure d’approbation, et tout le monde jugea qu’il avait parlé d’une manière digne du dieu et de lui. Après quoi Socrate s’étant tourné vers Éryximaque : Eh bien, dit-il, fils d’Acumènos, crois-tu maintenant que ma crainte était vaine ? et n’étais-je pas bon prophète quand je vous avertissais qu’Agathon ferait un discours merveilleux et me jetterait dans l’embarras ? — Tu as été un bon prophète pour Agathon, mais un mauvais, pour toi, si tu as prédis que tu serais embarrassé, répondit Éryximaque. [198b] — Et qui, mon cher, reprit Socrate, ne serait embarrassé aussi bien que moi, ayant à parler après un discours si beau, si varié, admirable en toutes ses parties, mais principalement sur la fin, où il y a une élégance et une beauté de diction en vérité surprenante ? Je me trouve si éloigné de pouvoir rien dire d’aussi beau, que me sentant saisi de honte [198c] j’aurais quitté la place, si je l’avais pu ; car l’éloquence d’Agathon m’a rappelé Gorgias, au point que véritablement il m’est arrivé ce que dit Homère : je craignais qu’en finissant son discours Agathon ne lançât sur le mien, pour ainsi dire, la tête de Gor-