Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/759

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
305
LE BANQUET.

tout le monde ce grand et industrieux amour du bonheur : et pourtant d’une foule de gens qui tendent à ce même but dans mille directions diverses, soit par une profession lucrative, soit par la gymnastique, soit par la philosophie, on ne dit pas qu’ils aiment, qu’ils sont amans ; mais ceux-là seuls qui se livrent tout entiers à une espèce particulière de l’amour reçoivent les noms de tout le genre : amour, aimer, amans. — Tu me parais avoir raison, lui dis-je. — On a dit, reprit-elle, que chercher la moitié de soi-même, [205e] c’est aimer ; pour moi je dirais plutôt qu’aimer ce n’est chercher, mon cher, ni la moitié ni le tout de soi-même, quand ni cette moitié ni ce tout ne sont bons, témoin tous ceux qui se font couper le bras ou la jambe à cause du mal qu’ils y trouvent, bien que ces membres leur appartiennent. En effet ce n’est pas ce qui est nôtre que nous aimons ; je pense ; à moins que l’on n’appelle sien et personnel tout ce qui est bon, et étranger tout ce qui est mauvais, [206a] car ce qu’aiment les hommes c’est uniquement le bon : n’est-ce pas ton avis ? — Assurément. — Maintenant donc, suffit-il d’affirmer simplement que les hommes aiment le bon ? — Oui. — Comment ! ne faut-il pas ajouter qu’ils aiment que le bon soit à eux ? — Oui. — Et de