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LE BANQUET.

être tenté d’en rire. Mais que l’on ouvre ses discours, qu’on pénètre dans leur intérieur, d’abord on reconnaîtra qu’eux seuls sont remplis de sens, ensuite on les trouvera tous divins, renfermant en eux les plus nobles images de la vertu, et embrassant à peu près tout ce que doit avoir devant les yeux quiconque veut devenir un homme accompli.

Voilà, mes amis, ce que je loue dans Socrate, et ce dont je me plains : car j’ai joint à mes éloges le récit des injures qu’il m’a faites. Et [222c] ce n’est pas moi seul qu’il a ainsi traité ; c’est Charmide[1], fils de Glaucon, Euthydème[2], fils de Dioclès, et nombre d’autres, qu’il a trompés en ayant l’air de vouloir être leur amant, et auprès desquels il a joué plutôt le rôle du bien-aimé. Et toi, à ton tour, Agathon, si tu veux m’en croire, tu ne seras pas la dupe de cet homme-là ; mais tu te tiendras sur tes gardes, prenant conseil de ma triste expérience, et tu ne feras pas comme l’insensé, qui, selon le proverbe, ne devient sage qu’à ses dépens[3].

  1. Voyez, le Charmide.
  2. Différent de l’Euthydème du dialogue de ce nom. Xénoph. Mémor., IV, 2, 40.
  3. Voyez Homère, XVII, 32 ; XX, 198. Hésiode, Op. et D. 216.