Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/797

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
343
LE BANQUET.

cet homme ! Il s’imagine pouvoir me faire la loi partout. Mais pour le moins, cher maître, permets qu’Agathon se place entre nous deux. — Impossible, dit Socrate. Tu viens de faire mon éloge : c’est maintenant à moi de faire celui de mon voisin de droite. Si Agathon se met à ma gauche, apparemment il ne fera pas de nouveau mon éloge avant que je me sois acquitté du sien. Consens donc, [223a] mon cher, à le laisser faire, et n’envie pas à ce jeune homme les louanges que je lui dois et que je suis impatient de lui donner. — Oh ! Alcibiade, s’écria Agathon, il n’y a pas moyen que je reste ici ; et je m’en vais décidément changer de place, afin d’être loué par Socrate. — Voilà ce qui arrive toujours, dit Alcibiade. Où que se trouve Socrate, il n’y a de place que pour lui auprès des beaux jeunes gens. Voyez quel prétexte naturel et plausible il a su trouver pour avoir Agathon auprès de lui !

[223b] Alors Agathon se leva pour s’aller mettre auprès de Socrate ; mais en ce moment une foule joyeuse se présenta à la porte, et, la trouvant ouverte au moment où quelqu’un sortait, s’avança vers la compagnie et prit place à table. Dès ce moment, grand tumulte, plus d’ordre ; chacun fut obligé de boire à l’excès. Éryxima-