Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/86

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ALCIBIADE.

Et contre qui donc ?

[119d] SOCRATE.

Est-ce là la demande d'un homme qui croit avoir l'âme grande ?

ALCIBIADE.

Que veux-tu dire ? Ces gens-là ne sont-ils pas les seuls que j'aie à redouter ?

SOCRATE.

Si tu avais à conduire un vaisseau de guerre qui dût bientôt combattre, te contenterais-tu d'être plus habile dans la manœuvre que le reste de ton équipage, ou ne te proposerais-tu pas outre cela de surpasser aussi tes véritables adversaires, et non comme aujourd'hui tes compagnons, au-dessus desquels tu dois si fort te mettre, [119e] qu'ils ne pensent pas à lutter contre toi, mais seulement, dans le sentiment de leur infériorité, à t'aider contre l'ennemi ; si toutefois tu as réellement en vue de faire quelque chose de grand, digne de toi et de la république.

ALCIBIADE.

Oui, c'est ce que j'ai réellement en vue.

SOCRATE.

En vérité, est-il bien digne d'Alcibiade de se contenter d'être le premier de nos soldats, au lieu de se mettre devant les yeux les généraux