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NOTES

Page 272. Il faut admirer que Platon fasse parler Aristophane précisément avec le double caractère empreint dans ses comédies, savoir la grandeur et la profondeur dans le corps de la pensée, et une haute bouffonnerie dans la forme. Sous le mythe des androgynes, par exemple, sont cachées les vérités les plus profondes, au point qu’un auteur ecclésiastique, Eusèbe (Prép. év., XII, 7), a vu dans le discours d’Aristophane une contre-épreuve de la Genèse, où il est dit que Dieu créa l’homme mâle et femelle, et tira ensuite la femme des côtes de l’homme. Sans doute il ne faut pas de cette ressemblance et de quelques autres, conclure, avec plusieurs auteurs ecclésiastiques, que Platon, dans son voyage en Égypte, avait vu les livres de Moïse et des prophètes, et les avait imités, d’où le mot célèbre Plato Moses atticizans ; mais il ne faut pas non plus nier un rapport réel au milieu des plus profondes différences. De même, quelque arbitraires que soient les explications allégoriques que Pimander et autres ont données de la fable des androgynes, il est impossible de se refuser à voir dans cette fable un certain fond philosophique au milieu des jeux de l’imagination d’Aristophane. Vouloir attacher à chaque détail une idée générale, ce serait détruire la liberté de l’esprit grec, de celui d’Aristophane et de Platon : mais, d’un autre côté, ne voir dans tout cela qu’un pur jeu de l’imagi-