Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/909

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ciel, c’est-à dire l’ensemble des choses visibles et les régions du temps et du mouvement; il faut qu’elle les traverse au lieu de se laisser emporter à leurs révolutions. Si l’intelligence humaine est une émanation de l’intelligence divine, elle a une affinité intime avec les idées. Quand donc elle en retrouve ici quelque image affaiblie, elle tend vers l’idée, cachée sous cette image. Le mouvement de l’âme vers l’idée du beau? c’est-à-dire vers une des idées éternelles, est l’amour. L’amour s’arrête-t-il à limage de l’idée du beau, il s’arrête en chemin, manque son objet et se condamne lui-même à la contradiction et à la misère. Il faut qu’il parcoure toute l’échelle de la beauté relative pour arriver à l’idée de la beauté absolue, laquelle est au-delà de ce monde, quoiqu’elle y fasse son apparition. La beauté dans les choses et l’amour dans l’âme forment deux lignes parallèles qui se touchent à tous leurs degrés. Un amour grossier se prend à la beauté dans sa forme la plus grossière, un amour plus pur à une forme plus élevée de la beauté, jusqu’à ce que l’amour le plus pur et la beauté parfaite se perdent dans le sein de Dieu, sujet éternel de la beauté et objet éternel de l’amour. Mais il y a dans lame le sentiment du beau véritable et l’appétit sensuel de la forme. De là les combats de l’âme dans son voyage à travers ce monde avec sa sensibilité et sa raison représentées sous le symbole