Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/924

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nie qui est forcée, pour se faire comprendre, de dire elle-même son secret, manque tout-à-fait d’art, et mieux vaudrait qu’elle cédât la place au dogmatisme. Entre une ironie qui ne se laisse pas voir, et une ironie qui nous met elle-même dans sa confidence, le milieu est difficile ; ce milieu ne peut être qu’un moment dans l’humanité, le moment du triomphe de l’art, entre le règne du dogmatisme religieux et du dogmatisme philosophique. Ce moment fugitif est l’âge de Phidias et celui de Platon. Mais dans le Phèdre le grand artiste est encore à son début; la fusion de la religion et de la philosophie par l’art, est encore mal opérée; la religion y occupe isolément trop de place, et les idées philosophiques, trop mêlées aux formes religieuses, y manquent de lucidité. Il n’en est pas ainsi du mythe du Gorgias, du Phédon et de la République ; ceci est une preuve que le Phèdre appartient au début de Platon. Une autre preuve, qui pour moi est incontestable, c’est que dans le Ρhèdre Platon se montre extrême ment préoccupé de la rhétorique, et paraît tout plein de l’étude de sa partie technique, très au fait de son histoire, et des diverses inventions en ce genre auxquelles il semble attacher le plus grand intérêt, sans oublier l’éloge dlsocrate. N’est-ce pas là l’indice d’un jeune homme, et concevrait-on que PIa -