Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/938

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chose que se rappeler ce qu’elle avait dû savoir antérieurement. Sans doute un germe était fourni à Platon dans cette idée accessoire à la métempsycose; que l’âme peut se rappeler ses états antérieurs, mais ce n’était là qu’un bien faible antécédent. Un antécédent tout autrement important était la prétention de Socrate d’accoucher les esprits comme sa mère accouchait les femmes, de les accoucher par l’habileté de la conversation et en les conduisant doucement du connu à l’inconnu. L’antécédent pythagoricien était théologique et même un peu mythologique, l’antécédent socratique était psychologique et logique. C’est sur ces deux antécédens que Platon éleva la théorie de la réminiscence qui participe du double caractère mythologique et logique. Le côté mythologique consiste à supposer que l’on a su autrefois la vérité dans un monde autre que celui-ci, et qu’apprendre est simplement se rappeler aujourd’hui ce qu’on a su primitivement ; ce qui présehte une apparence de drame et d’histoire avant toute histoire, apparence que Platon employait encore, mais ironiquement, et dont il n’était pas et ne voulait pas qu’on fut dupe, lorsqu’il disait, p. 189 : A la vérité je ne voudrais pas affirmer bien positivement que tout le reste de ce que je dis soit vrai, … phrase qui nous rappelle les paroles presque semblables employées par Platon à la fin du