Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/940

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beau dystique de Platon sur Aristophane. Je suis aussi très-convaincu que jamais Aristophane n’eut aucune mauvaise intention contre Socrate, et que dans les Nuées, qui furent jouées vingt-trois ans avant accusation, il ne songeait pas le moins du monde à préparer cette accusation. Si c’est là la seule induction que l’on veut tirer du Banquet, je l’accepte, et là-dessus je suis complètement de l’avis de Wolff, Symp., Introduction, p. 42 ; — d’Ast, pag. 317  ;— du Quarterly Rewiew, n° 42 sept. 1819, pag. 271 ; — de Prinsterer, Prosopographia platonica, pag. 177. Mais, abstraction faite des intentions d’Aristophane, si on veut conclure du Banquet que la pièce des Nuées n’eut aucune influence sur le procès de Socrate et ne s’y rapporte d’aucune manière, je n’en conviens nullement. Tout concourut dans la mort de Socrate, comme il arrive toujours dans les événemens nécessaires. Il faut compter, 1° les ressentimens du peuple lettré et des beaux esprits du temps, que Socrate avait soulevés en démasquant leur ignorance ; 2° les ombrages de la toute-puissance démocratique, qu’irritait l’impassible équité de Socrate ; 3° le courroux longtemps contenu du pouvoir sacerdotal, qui, après avoir vu d’assez mauvais œil les études et les opinions physiques de Socrate, fort suspectes de tendre plus ou moins directement à ruiner le paganisme, c’est-à-dire l’ordre social tout