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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/1093

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DÉMODOCUS.


encore celui qui ment, on le pourra ! Mais si celui qui parle suivant la raison et la vérité ne peut donner le caractère de l’évidence à ce qu’il dit, deux hommes, dont l'un mentira et parlera contre toute raison, pourront-ils prouver ce que ne pouvait faire découvrir l'homme qui ne disait que des choses vraies et sensées ? Quant à moi, je ne comprends pas d’où viendrait cette évidence. Est-ce de leur silence ou de leurs discours ? Si c’est de leur silence, il faudrait n’écouter ni l’un ni l’autre au lieu de les entendre tous deux. Et si c’est de leurs discours à tous deux, il n’est pas vrai qu’ils fassent un discours à deux, car ils parlent chacun dans un sens différent. Comment donc pourraient-ils concourir à persuader ? Pour faire naître la même évidence, il faudrait qu’ils tinssent le même langage ; or, ils ne le font pas ; de telle sorte, à présent, que si la persuasion découle de leurs discours, c’est du discours de chacun d’eux en particulier. Si l'un parle, celui-là aura raison ; si l’un parle le premier, l’autre le second, ils persuaderont l’un après l’autre. Et si tous deux peuvent faire connaitre la vérité séparément, pourquoi écouterait-on le dernier ? Quand le premier a parlé, l’évidence a lui. S’ils peuvent ensemble faire connaitre la vérité, ajouta-t-il, comment un seul d’entre eux ne suffirait-il pas pour la découvrir ? Si chacun d’eux ne peut la faire paraître, comment pourraient-ils le faire tous deux ? Et si chacun d’eux peut le faire séparément, il est évident que le premier qui parlera persuadera, de sorte qu’après avoir entendu celui-là seul, on ne peut plus connaitre la vérité.

En les entendant parler ainsi, j’étais fort indécis et incapable de prononcer entre eux. Les autres assistants donnaient raison au premier. N’aurais-tu rien à me dire sur cette question, si pour connaître la vérité il vaut


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