Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/154

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les noms les établisse avec la connaissance des choses, ou bien, comme je disais tout à l’heure, qu’il n’y ait pas absolument de nom. Et la meilleure preuve que l’auteur des noms ne s’est pas trompé, c’est cette concordance qu’il a su mettre entre tous. N’avais-tu pas toi-même cette pensée quand tu nous faisais remarquer l’analogie et la tendance commune de tous les noms ?

SOCRATE.

Mais cela même, mon cher Cratyle, n’est pas encore une apologie suffisante. Il serait tout simple que si celui qui a établi les noms avait commencé par commettre une erreur, il y eût ramené par force et fait concorder tout le reste, il n’y aurait là rien d’étonnant ? de même que dans la construction d’une figure géométrique, si l’on part d’une erreur légère et presque insensible, il faut que toute la suite y réponde. Chacun doit donc en toute chose s’assurer par la plus sérieuse réflexion et le plus soigneux examen, si le principe est juste ou s’il ne l’est point ; et c’est quand le principe est une fois bien éprouvé que toutes les conséquence doivent en découler naturellement. Au. reste, je serais un peu étonné que les noms fussent parfaitement d’accord les uns avec les autres. Revenons donc à ce que nous avons précédemment examiné. Nous disions