Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/29

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SOCRATE.

Car nous avons dit qu’il y a pour chaque genre de tissage un battant qui y est naturellement propre, et ainsi des autres instruments.

HERMOGÈNE.

Oui.

SOCRATE.

Le législateur doit donc aussi, mon cher ami, former avec les sons et les syllabes les noms qui conviennent aux choses ; il faut qu’il les fasse et qu’il les institue en tenant ses regards attachés sur l’idée du nom, s’il veut être un bon instituteur de noms. Il est vrai que tous les législateurs ne renferment pas le même nom dans les mêmes syllabes : mais nous n’ignorons : pas que tous les forgerons ne se servent pas du même fer, quoiqu’ils travaillent au même instrument et dans le même, dessein. Toutefois cet instrument, tant qu’il représentera le même modèle, ne laissera pas d’être bon malgré la différence du fer, soit d’ailleurs que l’ouvrier, l’ait fait chez nous ou chez les Barbares. N’est-il pas vrai ?

HERMOGÈNE.

Certainement.

SOCRATE.

Tu jugeras donc de même du législateur, qu’il soit grec ou barbare : pourvu qu’il approprie convenablement à chaque chose l’idée du nom,