Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/376

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L'ÉTRANGER.

Subsister toujours également et de la même manière, être toujours le même, n’appartient qu’aux êtres les plus divins ; mais la nature du corps n’est pas d’un ordre si élevé. Or cet être que nous avons nommé le ciel et le monde a reçu, il est vrai, de son auteur beaucoup de qualités admirables, mais en même temps il participe du corps. C’est pour cela qu’il lui est absolument impossible d’échapper à la loi du changement ; mais du moins, autant que possible, il se meut dans le même lieu, dans le même sens et d’un même mouvement ; aussi le mouvement qui lui est naturel est le circulaire, c’est-à-dire celui qui s’écarte le moins du mouvement de ce qui se meut soi-même. Se mouvoir éternellement soi-même n’est guère possible qu’à l’être seul qui dirige tout ce qui se meut, et cet être ne saurait mouvoir tantôt d’une manière, tantôt d’une manière opposée. D’après tout cela, il ne faut dire ni que le monde se meut éternellement soi-même, ni qu’il reçoit éternellement de la divinité seule ses deux mouvements contraires, ni enfin qu’il est mû par deux divinités de volontés opposées ; mais selon notre explication de tout à l’heure, la seule qui reste, disons que tantôt, dirigé par une cause divine étrangère à lui, il rentre en possession de la vie, et reçoit des mains