Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/483

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entier, ils se trouvent insensiblement devenus esclaves, de libres qu’ils étaient.

LE J. SOCRATE.

Tu parles là d’une disposition fâcheuse et effrayante.

L'ÉTRANGER.

Mais que dirons-nous de ceux qui inclinent davantage vers la force ? Ne les a-t-on pas vus poussant sans cesse l’État vers quelque guerre, à cause de leur passion excessive pour ce genre de vie, et lui suscitant des ennemis nombreux et puissans, ruiner entièrement leur patrie, ou la rendre esclave et sujette de ses ennemis ?

LE J. SOCRATE.

Cela se voit aussi.

L'ÉTRANGER.

Comment donc ne pas dire après cela que ces deux espèces contraires ont sans cesse entre elles des inimitiés et des querelles très graves ?

LE J. SOCRATE.

Il n’y a pas moyen de ne pas l’avouer.

L'ÉTRANGER.

N’avons-nous donc pas trouvé ce que nous cherchions au commencement, qu’il y a dans la vertu des parties importantes qui sont naturellement opposées entre elles, et qui produisent la même opposition dans ceux chez qui elles se rencontrent ?