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PARMÉNIDE.

point. — N’est-il pas de toute nécessité que le semblable participe [132e] de la même idée que son semblable ? — Oui. — Et ce par quoi les semblables deviennent semblables en y participant, n’est-ce pas cette idée ? — Assurément. — Il est donc impossible qu’une chose soit semblable à l’idée ni l’idée à une autre chose ; sinon, au-dessus de l’idée il s’élèvera encore une autre idée, [133a] et si celle-ci à son tour ressemble à quelque chose, une autre idée encore, et toujours il arrivera une nouvelle idée, s’il arrive toujours que l’idée ressemble à ce qui participe d’elle. — Tu as raison. — Ce n’est donc pas par la ressemblance que les choses participent des idées, et il faut chercher un autre mode de participation. — Il semble. — Tu vois donc, Socrate, dans quelles difficultés on tombe lorsqu’on établit des idées existant par elles-mêmes. — Je le vois. — Sache bien pourtant que tu n’as pas touché encore, pour ainsi dire, [133b] toute la difficulté qu’il y a à établir pour chaque être une idée différente. — Comment donc ! reprit Socrate. — Parmi bien d’autres difficultés, voici la plus grande : si quelqu’un disait que les idées ne pourraient pas être connues si elles étaient telles qu’elles doivent être suivant nous, on ne pourrait lui prouver qu’il se trompe, à moins qu’il n’eût beaucoup d’expérience de ces sortes de discus-