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PARMÉNIDE.

tenant, on verra toujours apparaître avant le commencement un autre [165b] commencement, après la fin une autre fin encore, et dans le milieu quelque chose de plus au milieu encore, et qui est toujours plus petit, dans l’impuissance de saisir aucune de ces choses comme une, si l’un n’existe pas. — C’est très vrai. — Enfin, quelqu’être que l’on saisisse par la pensée, on le verra toujours se diviser et se disperser, car on ne saisira jamais qu’une masse sans unité. — D’accord. — À les voir de loin et en gros, [165c] chacune de ces masses paraît être une, tandis qu’examinée de près et en détail elle est manifestement une multitude infinie, puisqu’elle est privée de l’un, dès que l’un n’est pas. — Nécessairement. — Ainsi il faut que chaque chose autre que l’un paraisse infinie et limitée, une et plusieurs, si l’un n’est pas et qu’il y ait d’autres choses que l’un. — Oui. — Et ces choses ne semblent-elles pas être aussi semblables et dissemblables ? — Comment ? — Les figures d’un tableau vues de loin se confondent toutes en une seule et paraissent semblables. [165d] — Oui. — Si on s’approche, au contraire, elles paraissent plusieurs et différentes, et la diversité se manifestant, on les reconnaît pour diverses et dissemblables entre elles. — Cela est vrai. — De même les agrégats apparaissent comme semblables et dissemblables et à eux-mêmes et les