Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/835

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
TIMÉE DE LOCRES.

et à quatre angles égaux, qui constitue la nature du feu, le plus subtil et le plus mobile des corps. Après cette pyramide vient l’octaèdre qui a huit faces et six angles : c’est l’élément de l’air ; enfin l’icosaèdre qui a vingt faces et douze angles, et qui est, de ces trois éléments, le plus épais et le plus lourd : c’est l’élément de l’eau. Ces trois corps étant composés du même élément[1] se transforment les uns dans les autres. Quant au dodécaèdre, il est l’image du monde, parce que c’est la forme qui se rapproche le plus de la sphère. Le feu par sa grande subtilité pénètre tout sans exception ; l’air tout, excepté le feu ; enfin l’eau pénètre la terre, de manière que tout est plein et qu’il ne reste aucun vide. Tous ces corps sont emportés dans le mouvement universel ; pressés et foulés les uns par les autres, ils éprouvent les alternatives continuelles de la génération et de la corruption.

C’est de ces éléments que Dieu s’est servi pour créer ce monde, tangible à cause de la terre et visible à cause du feu ; ce sont là les deux extrêmes : il a employé l’air et l’eau pour les unir au moyen d’un lien puissant, la proportion, qui le maintient elle-même par sa propre force, et lui est soumis. Pour lier des surfaces, un seul moyen

  1. L’élément scalène dont la pyramide, l’octaèdre et l’icosaèdre sont formés.