Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/940

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avec quelque raison que cette science n'est nécessaire au genre humain que pour des objets de peu d'importance; cependant c'est déjà beaucoup. Mais si on porte ses regards sur ce qu'il y a de divin et de mortel dans la généralisation, où l'on reconnaîtra le principe de la piété envers les dieux et le nombre [978a] par essence, on verra alors qu'il n'est pas donné à tout le monde de comprendre toute la vertu et l'efficacité de la science des nombres. Il est évident, par exemple, que la musique en entier ne peut se passer de mouvements et de sons mesurés par le nombre. Et, ce qu'il y a de plus admirable, cette science, en même temps qu'elle est la source de tous les biens, n'est la source d'aucun mal, ce dont il est aisé de se convaincre. Le nombre n'entre pour rien dans toute espèce de mouvement où il ne règne ni raison, ni ordre, ni figure, ni mesure, ni harmonie, en un mot dans tout ce qui participe à quelque mal. [978b] Voilà de quoi doit être persuadé tout homme qui veut être heureux jusqu'à la fin de ses jours, et encore qu'à l'égard du juste, du bon, du beau et des autres choses semblables, quiconque ne les connaît point et ne les a pas saisies par une opinion vraie, n'en saura jamais rendre compte d'une manière satisfaisante pour lui-même ou pour autrui.

Allons plus loin et observons comment nous avons appris à compter. Dites-moi d'où nous vient la connaissance de l'unité et du nombre deux, [978c] à nous les seuls de tout l'univers doués naturellement de la capacité de réfléchir? Car la nature n'a pas donné aux autres animaux les facultés nécessaires pour apprendre du père à compter. Mais Dieu a premièrement mis en nous l'intelligence requise, pour concevoir ce qui nous est montré ; ensuite il a montré et il nous montre encore divers objets, parmi lesquels il n'en est point de plus beau que