Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/949

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Revenons sur ce qui a été déjà dit, [983d] pour considérer d'abord si c'est avec raison ou contre toute raison que nous avons établi deux substances, l'une spirituelle, l'autre corporelle, et dans chacune une foule d'êtres qui diffèrent les uns des autres, comme elles diffèrent l'une de l'autre, et nulle troisième substance qui se retrouve dans les deux premières. Quant à la différence de l'âme et du corps, nous la ferons consister en ce que l'âme a l'intelligence et que le corps en est privé, en ce que l'âme commande et le corps obéit, en ce que l'âme est la cause de tout ce qui existe et que le corps ne produit rien. [983e] Ainsi, prétendre que les phénomènes célestes sont l'effet de quelque autre cause, et ne sont point produits par le concours de l'âme et du corps, c'est une folie, une absurdité. Si donc le système que nous proposons doit l'emporter sur tous les autres, et si on peut affirmer que tous ces effets sont divins, il faut dire de deux choses l'une : ou que les astres sont des dieux, et les honorer comme tels, ou qu'ils en sont des images, et les regarder comme des statues [984a] animées des dieux, sorties de la main des dieux mêmes ; car ce ne sont pas des ouvriers mal habiles et à dédaigner. On ne peut, comme j'ai dit, refuser aux astres l'un ou l'autre de ces titres ; et si on admet seulement que ce soient des statues des dieux, elles réclament des hommages particuliers; d'autant qu'il n'en est point de plus belles, de plus communes à tous les hommes, ni d'exposées en des lieux plus remarquables, ni enfin qui leur soient comparables pour la pureté, pour la majesté, pour la vie : en sorte qu'on peut assurer que la chose est telle que je dis. Maintenant, pour avancer dans la connaissance des dieux, après avoir considéré deux espèces d'animaux visibles par rapport à nous, dont l'une est immortelle