Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/956

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de faire des recherches sur les choses divines : nous devons même entrer dans des sentiments contraires; car Dieu n'étant point dépourvu de raison, et n'ignorant [988b] pas la portée de l'intelligence humaine, sait très bien qu'elle est capable, lorsque c'est lui qui enseigne, de suivre ses leçons et d'apprendre ce qui lui est enseigné. Et sans doute il sait aussi que c'est lui qui nous enseigne les nombres et l'art de compter, et que nous l'apprenons de lui. S'il méconnaissait cela, il serait le plus insensé de tous les êtres; car en ce cas il se méconnaîtrait lui-même, comme on dit, s'offensant de ce que l'homme apprenne ce qu'il peut apprendre, au lieu de se réjouir avec lui sans envie de ce qu'il travaille à se perfectionner, avec le secours de Dieu.

Ce serait la matière d'un long [988c] et beau discours, de montrer que les premières idées que les hommes exposèrent sur l'origine des dieux, leur nature et la qualité de leurs actions, ne furent ni raisonnables ni dignes du sujet; non plus que les systèmes de ceux qui vinrent après, et prétendirent que le feu, l'eau et les autres éléments ont existé avant tout le reste, et que la merveille de l'âme est d'un temps postérieur ; que le principal et le plus excellent des mouvements est celui que les corps ont reçu en partage et par lequel ils se meuvent eux-mêmes, se communiquant le chaud, le froid et les autres qualités semblables; au lieu de dire que l'âme est le principe de son mouvement et de celui des corps. [988d] Mais aujourd'hui, lorsque nous soutenons que l'âme étant dans un corps, il n'est point étonnant qu'elle le meuve et le transporte avec elle,notre esprit ne trouve aucune difficulté à le croire, comme si elle n'avait pas la force de transporter un fardeau. C'est pourquoi, dans notre sentiment, l'âme étant la cause première de cet univers, et tous les biens étant d'une certaine nature, et