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APOLOGIE DE SOCRATE

peine. C’est pourquoi mon avertissement intérieur ne m’a pas arrêté, et de là vient aussi que je n’en veux pas beaucoup à ceux qui m’ont condamné ni à mes accusateurs. Il est vrai qu’ils avaient une autre pensée, quand ils me condamnaient et m’accusaient ; ils croyaient bien me nuire, et, en cela, ils sont blâmables. e

Je ne leur demande pourtant qu’une seule chose : quand mes enfants auront grandi, Athéniens, punissez-les, en les tourmentant comme je vous tourmentais, pour peu qu’ils vous paraissent se soucier de l’argent ou de n’importe quoi plus que de la vertu. Et s’ils s’attribuent une valeur qu’ils n’ont pas, morigénez-les comme je vous morigénais, reprochez-leur de négliger l’essentiel et de se croire un mérite dont ils sont dénués. Si vous faites cela, vous serez justes 42 envers moi et envers mes fils.

Mais voici l’heure de nous en aller, moi pour mourir, vous pour vivre. De mon sort ou du vôtre, lequel est le meilleur ? Personne ne le sait, si ce n’est la divinité.