Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome I.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.





CRITON

[ou Du devoir, genre moral.]



SOCRATE  CRITON


Prologue.

Socrate. — 43 Quel motif te fait venir ici à pareille heure, Criton ? N’est-il pas encore très grand matin ?

Criton. — En effet.

Socrate. — Quelle heure au juste ?

Criton. — Le jour se lève à peine.

Socrate. — Je m’étonne que le gardien de la prison ait consenti à te laisser entrer.

Criton. — Oh ! nous nous connaissons bien, lui et moi, Socrate, depuis que je fréquente ici ; et puis, il a reçu de moi quelques gratifications.

Socrate. — Viens-tu seulement d’arriver ? ou bien serais-tu ici depuis longtemps ?

Criton. — Depuis quelque temps déjà.

Socrate. — Eh ! comment ne m’as-tu pas réveillé tout d’abord ? Pourquoi être ainsi resté sans rien dire ?

Criton. b — Par Zeus, Socrate, je n’aurais pas voulu, à ta place, avoir à subir une longue veille et si pénible ; il y a longtemps, vraiment, que j’admire ton paisible sommeil. Et c’est bien exprès que je ne te réveillais pas, pour te laisser goûter le meilleur repos. Au reste, bien souvent, dans toute ta vie passée, j’ai pu apprécier ton égalité d’humeur ; jamais autant,