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HIPPIAS MINEUR

Hippias. — En effet.

Socrate. — Et, en cette matière, n’est-ce pas lui qui excelle ?

e Hippias. — C’est bien lui.

Socrate. — Ainsi, c’est le bon et habile géomètre qui est le plus capable de ces deux choses ; et s’il y a un homme qui trompe en fait de figures, c’est lui, l’expert ; il est celui qui en est capable ; l’ignorant est incapable de tromper et l’on ne saurait être trompeur, quand on est incapable de tromper, nous l’avons reconnu.

Hippias. — J’en conviens.

Socrate. — Prenons encore un troisième exemple, l’astronomie ; c’est une science que tu dis connaître mieux encore 368 que les précédentes. N’est-il pas vrai, Hippias ?

Hippias. — Oui.

Socrate. — Or, en astronomie aussi, n’en est-il pas de même ?

Hippias. — Cela est vraisemblable, Socrate.

Socrate. — Donc, en astronomie aussi, s’il y a quelqu’un qui trompe, c’est le bon astronome qui sera le trompeur, étant l’homme capable de tromper. Ce ne peut pas être celui qui en est incapable, vu son ignorance.

Hippias. — Évidemment.

Socrate. — Par conséquent, en astronomie aussi, c’est le même homme qui dit vrai et qui trompe.

Hippias. — Cela paraît vrai.

Socrate. — Eh bien, Hippias, procède ainsi à loisir b pour toutes les sciences, et vois s’il n’en est pas de même de toutes. Justement, tu es le plus habile des hommes dans toutes également. Ne t’ai-je pas entendu t’en vanter, quand tu énumérais la variété vraiment enviable de tes aptitudes sur la place publique, près des comptoirs des banquiers ? Tu disais que tu étais venu un jour à Olympie, n’ayant rien sur ta personne qui ne fût l’œuvre de tes mains. Et d’abord l’anneau que tu portais au doigt — c’est par là que tu commençais — c’était toi qui l’avais fait, car c tu savais ciseler un anneau ; et aussi ton cachet ; puis ton étrille et ton flacon d’huile ; tout cela était ton œuvre. Tu ajoutais que tes chaussures même, tu les avais fabriquées, et que tu avais tissé aussi ton manteau et ta

    fera pas. Et c’est bien là ce que pensait Socrate, la vraie science, à ses yeux, excluant la possibilité de faire le mal.