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NOTICE

face de Dieu, la raison. On peut dire sans doute que la psychologie tripartite, développée plus tard par Platon, est là déjà en germe. Il faut reconnaître du moins qu’elle n’y est qu’en germe.

La forme du raisonnement confirme encore l’impression qui résulte de la nature des idées. On y remarque partout ce goût des exemples familiers, empruntés aux métiers, qui était celui de Socrate. Ils sont multipliés dans l’Alcibiade avec une insistance qui ne laisse pas que de fatiguer le lecteur moderne. Notons aussi une dialectique trop verbale, qui s’attache aux mots, qui même en abuse parfois. Des arguments excellents en eux-mêmes ont pour nous le tort d’être présentés sous une forme trop abstraite, notamment quand il s’agit de montrer que tout ce qui est beau est bon, c’est-à-dire utile. Le disciple de Socrate se révèle là dans le culte quelque peu superstitieux des définitions, substituées à l’analyse psychologique des sentiments et des instincts. Il semble seulement que la méthode du maître y soit devenue plus raffinée sous l’influence d’un certain pédantisme d’école, à la fois éléate et mégarique. Nous avons affaire à un esprit qui n’a pas encore pu s’affranchir complètement ni se faire à lui-même sa méthode.



II

PLAN ET COMPOSITION DU DIALOGUE


Malgré ces réserves, il faut reconnaître le mérite littéraire et philosophique du dialogue. Plein d’idées suggestives, de critiques vives et piquantes, d’enseignements solides, il manifeste déjà, dans sa composition libre et un peu flottante, quelques-unes des rares qualités qui caractérisent le génie de Platon.

I. Un prologue spirituel nous montre Socrate réussissant à capturer, pour ainsi dire, le jeune Alcibiade, qui le dédaignait et se souciait peu de l’écouter. Il le prend par ses