2o Ne pas expier est le pire des maux.
Mais laissons cette question, et abordons le second sujet de notre débat : payer sa faute quand on a péché, est-ce le plus grand des maux, comme tu le soutenais, ou bien, comme je le croyais, n’est-ce pas un plus grand mal de ne pas expier ? Voici comment nous allons procéder : payer sa faute et être puni justement quand on a péché, est-ce la même chose à ton avis ?
Polos. — Oui.
bSocrate. — Peux-tu maintenant affirmer que ce qui est juste ne soit pas toujours beau en tant que juste ? Réfléchis avant de répondre.
Polos. — Je crois bien qu’il en est ainsi.
Socrate. — Examine donc encore ceci : toute activité n’a-t-elle pas pour conséquence nécessaire une passivité correspondante ?
Polos. — Je le crois.
Socrate. — Cette passivité n’est-elle pas telle et de même qualité que l’action qui la produit ? Je prends un exemple : s’il y a un coup donné, n’y a-t-il pas nécessairement un coup reçu ?
Polos. — Forcément.
Socrate. — Et si le coup est frappé fort ou vite, le coup reçu n’est-il pas reçu cde la même manière ?
Polos. — Oui.
Socrate. — L’effet produit sur l’objet frappé est donc conforme à l’action de celui qui frappe ?
Polos. — Sans doute.
Socrate. — De même, si une brûlure est faite, il y a nécessairement une brûlure subie ?
Polos. — C’est forcé.
Socrate. — Et si la brûlure ainsi faite est violente ou douloureuse, l’objet brûlé subit un effet conforme à la brûlure qu’on lui fait ?
Polos. — Évidemment.
Socrate. — De même encore pour une coupure : il y a dans ce cas quelque chose qui est coupé ?
Polos. — Oui.
Socrate. — Et si la coupure ainsi pratiquée est large ou profonde ou douloureuse, dl’objet coupé subit une coupure conforme à celle qu’on lui inflige ?
Polos. — C’est évident.