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NOTICE



C’est encore de la vertu qu’il est question dans le Ménon, comme dans le Protagoras et le Gorgias. La vertu s’enseigne-t-elle ou non ? Le problème est ainsi posé dès le début avec netteté et la discussion va s’engager presque sans préambule. Par la nature du problème examiné, le Ménon se rapproche donc des deux dialogues précédents ; ce serait pourtant une erreur de croire qu’il reprenne simplement la même question sous une autre forme ; en réalité, il y introduit des idées nouvelles fort importantes et il ouvre dans ses dernières pages des perspectives qui vont loin dans la philosophie platonicienne. Beaucoup plus bref que les deux autres, moins riche d’épisodes et de caractères, il a d’ailleurs dans sa simplicité de structure un grand charme littéraire.

I

LES PERSONNAGES

Les personnages sont au nombre de quatre : Socrate et Ménon d’abord, qui tiennent les deux rôles essentiels, ensuite deux comparses : un esclave de Ménon, qui sert de sujet d’expérience psychologique pendant quelques instants, puis Anytos, le célèbre accusateur de Socrate, qui ne paraît que peu de temps vers la fin.

Ménon est un Thessalien de Larisse, élève et ami de Gorgias, dont il a fait la connaissance durant le séjour du grand rhéteur en Thessalie. Suivant des témoignages postérieurs il aurait lui-même été sophiste[1]. Cela ne ressort pas du dialogue platonicien, où il semble plutôt un amateur riche, qui voyage avec de nombreux serviteurs, et qui cultive la science, en particulier la géométrie, par goût plus que par métier. Il

  1. Cf. Plutarque, Sur le grand nombre des amis, 1.