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PHÉDON

raire auquel appartient le dialogue philosophique[1], ce petit drame dont Socrate était le protagoniste obligatoire ; il est, avec des personnages réels, une « imitation » de la réalité. Que cette imitation puisse, tout comme nos romans ou nos drames historiques, contenir des détails d’histoire vraie, on le croira sans peine. Il y a au début et à la fin du Phédon beaucoup de particularités concrètes qui ne sont probablement pas de l’invention de Platon. Est-il utile de chercher lesquelles ? Le plus souvent, c’est l’art avec lequel ces données sont utilisées qui en fait la signification et l’intérêt[2]. Par conséquent ce que nous avons à étudier dans le Phédon, c’est avant tout la pensée de Platon.

III

LA STRUCTURE DU PHÉDON
ET SON CONTENU PHILOSOPHIQUE

L’art de Platon dans la composition de ses dialogues est un art qui sait se faire oublier. Bien que l’analyse doive en faire évanouir le charme, il est cependant indispensable, pour bien saisir l’harmonieuse progression de la pensée philosophique, de marquer avec soin les articulations et les connexions de la pensée, de noter à chaque moment décisif les résultats obtenus et le progrès qu’ils conditionnent. Chemin faisant on y joindra, pour quelques notions importantes, de rapides remarques sur leur signification historique et sur leur développement ultérieur dans la pensée de Platon.


Prologue,
57 a-61 c.

L’exposé des circonstances qui ont précédé la dernière journée ou qui en ont marqué le début étant laissé de côté, le récit de l’entretien commence par une notation concrète : Socrate garde à la jambe la cuisson douloureuse des fers et il éprouve du plaisir à se la gratter ; plaisir et douleur sont donc solidaires (60 bc). Notation épisodique en apparence,

  1. C’est ainsi qu’Aristote caractérise le λόγος σωκρατικός, Poet. 1, 1447 b, 9-20 ; Rhet. III 16, 1417 a, 18-21 ; fr. 61, 1486 a, 9-12.
  2. Voir par ex. p. 102, n. 3.